Psychanalyse et Intelligence artificielle


Ce blog se donne comme objectif d’établir un questionnement de l’intelligence artificielle par la psychanalyse. Il s’étaye sur une phrase de Jacques Lacan extraite du Discours de Rome, prononcée en 1953.
« Qu’y renonce donc plutôt celui qui ne peut rejoindre à son horizon la subjectivité de son époque. Car comment pourrait-il faire de son être l’axe de tant de vies, celui qui ne saurait rien de la dialectique qui l’engage avec ces vies dans un mouvement symbolique. Qu’il connaisse bien la spire où son époque l’entraîne dans l’œuvre continuée de Babel, et qu’il sache sa fonction d’interprète dans la discorde des langages. »
Jacques Lacan, Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse, Discours de Rome, 1953
Lacan nomme « gadgets » ou « lathouses 1» les objets de consomation. Ils se placent en position de l’objet a, cause du désir. Ils bouchent le trou, couvrent le manque d’un rideau de fumée technologique. Ces gadgets seraient des objets de jouissance.
Dans L’Envers de la psychanalyse (Séminaire XVII, 1969-1970), Lacan décrit le monde fabriqué par la science : l’aléthosphère. C’est l’Autre élargi, le cosmos technologique qui forme le sujet, alimenté par la science au service du capitalisme.
Or, parmi tous ces gadgets, l’un nous intéresse particulièrement tant il semble « incarner » cet Autre élargi. Il écrit, parle, nous parle et nous répond, s’immisce dans notre quotidien, visible ou invisible, accompagne nos décisions et nourrit les rêves les plus fous et les cauchemars les plus apocalyptiques, nous le nomons communément IA ou intelligence artificielle2.
C’est peut-être d’une rencontre ou d’un ratage, entre psychanalyse et intelligence artificielle, que ce blog se fera l’écho. Au fil des articles, nous (re)tournerons autour de questions adressées à des psychanalystes, des artistes, des chercheur.euses en sciences humaines et des écrivain.es, sans jamais tenter de combler le trou, nous tenant juste sur les bords, là où quelque chose pourrait s’énoncer.
Articles – Psychanalyse et intelligence artificielle
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Notes
- Jacques Lacan nomme lathouse, de léthé (oubli) et aletheia (vérité), l’objet a banal de consommation pouvant devenir la chose la plus effrayante sur la vérité du désir. « Le monde est de plus en plus peuplé de lathouses », « des menus objets petit a que vous allez rencontrer en sortant sur le pavé à tous les coins de rue, derrière toutes les vitrines, dans ce foisonnement de ces objets faits pour causer votre désir, pour autant que c’est la science qui nous gouverne ». « La lathouse n’a pas du tout de raison de se limiter dans sa multiplication » ayant « une position impossible à tenir ». Mais si l’objet a est une plus-value, la lathouse est une moins value. ↩︎
- John MacCarthy définit Intelligence artificielle le 12 novembre 2007 : La science et l’ingénierie de la fabrication de machines intelligentes, en particulier de programmes informatiques intelligents. Elle est liée à la tâche similaire qui consiste à utiliser des ordinateurs pour comprendre l’intelligence humaine, mais l’IA ne doit pas se limiter aux méthodes qui sont biologiquement observables. ↩︎